ATTENTION cet article est un pavé. Pour tous ceux qui auraient pas l'envie, pas le temps ou pas d'yeux on a fait plusieurs vidéo de notre trek que vous pouvez retrouver sur notre chaîne Youtube https://www.youtube.com/watch?v=_uNIuqr1HzY&list=PLpE0tOOSTswDTyOHACY4VJTJ526LmOyqO



En arrivant à Arequipa (ville somptueuse du Pérou), notre œil était sans cesse interpellé par les publicités d'agences touristique qui proposaient des tours de deux ou trois jours dans le Canyon del Colca. En se renseignant un peu plus, on s'est rapidement rendu compte que toutes les agences proposaient le même circuit alors qu'il y avait bien d'autres sentiers pédestres et qu'aucuns ne nécessitaient la présence de guide. Le décision s'est rapidement prise de tracer notre chemin seul avec notre tente.


Nous voilà donc d'abord partit pour 7h30 de bus local pour rejoindre Cabanaconde. Une petite nuit dans une auberge histoire de bien dormir et faire le plein d'énergie, prendre quelques précieux conseils, déposer le maximum d'affaires non nécessaire pour un trek et nous étions fin prêt pour 4 jours et 3 nuits dans le Canyon.


1er jour: Cabanaconde - LLahuar (env. 5h)

Pour démarrer en douceur, nous n'étions partit qu'à 8h après un bon petit-déjeuner. Notre premier arrêt fût à peine quelques minutes plus tard, aux portes du village se trouvait un mirador qui surplombait le canyon. On essayait de deviner les chemins et les villages par lesquels nous allions passer. La vue était à couper le souffle. On ne discernait même pas le fond du canyon. Il faut dire qu'à certains endroits ce canyon est plus profond que le Grand Canyon des Etats-Unis. Le début de la rando s'est faite sans trop de difficulté, le soleil n'était pas sur nous et la descente était douce. Par contre les deux dernières heures furent pas mal éprouvante (enfin surtout pour moi, j'avais l'impression que de son côté Alrick gambadait), il faisait chaud, le soleil tapait et nos genoux souffraient de la descente raide sur les graviers. Juste avant d'arriver à Llahuar, nous rattrapions la route et deux possibilités s'offraient à nous: continuer sur la route et passer à pied sur le pont pour voiture (ce que tout le monde fait car presque aucun véhicule ne passe de la journée) ou bien rattraper un sentier pédestre mal entretenu pour traverser un vieux pont pour piéton. Je vous le met dans le mille, on a choisi la 2ème option. Grave erreur. J'avais les genoux qui tremblaient de fatigue sous le poids de mon gros sac-à-dos, et plusieurs fois je me suis dit "mais pourquoiiiii?". Enfin arrivé à Llahuar nous plantons notre tente et filons faire trempette dans des bains d'eaux thermales. Un luxe après une telle journée. Alrick a même eu le courage d'aller se baigner dans le lit froid de la rivière. Une bonne douche (plus froide que tiède), un bon repas chaud et clairement nous ne tardions pas à nous endormir, bercé par le clapotis de la pluie sur notre tente.


2ème jour: Llahuar - Fure (env. 4,5h)

Etant donné que nous avions un peu de nourriture avec nous, nous avions fait l'impasse sur le petit-déjeuner du lodge pour être sur les chemins à 6h avant la foule de touristes. Malheureusement, après 30 minutes de côte, en se retournant pour admirer le paysage, on se rendit compte qu'on était partit dans la mauvaise direction. Notre sens de l'orientation ne s'est pas amélioré avec le voyage. C'est donc avec empressement et énervement que nous rebroussions chemin. Alrick marchant plus vite que moi, je le perdit de vue une dizaine de minute, puis ayant rattrapé le bon chemin, je le vit réapparaître derrière moi. En fait, il avait prit un deuxième mauvais chemin. Prit de colère, il me rattrapa rapidement et fila à toute vitesse. Je l'ai retrouvé quelques minutes plus tard en train de m'attendre accroupi, torse nu, trempé de sueur et fatigué. Depuis notre départ ce matin, un petit chien que nous avions surnommé Bobi, nous accompagnait et ne nous lâchait plus. Mignon comme tout mais pas le chien-guide le plus efficace, à part aboyer contre des racines et se mettre entre nos pattes, il ne servait pas à grand chose. En ce qui concerne la randonné en elle-même, autant la marche de la veille fût douloureuse pour nos genoux, autant cette journée fut éprouvante pour nos cuisses et mollets. La moitié du sentier, mal entretenu, montait en flèche et la dernière demi-heure n'était faite que d'escaliers inégaux. A l'entrée du village, il y avait un petit pont, très rudimentaire, devant lequel attendait une femme avec un fagot de bois et qui nous proposa de planter notre tente gratuitement dans son "lodge". Après une douche plus que nécessaire nous n'avons pas attendu midi pour déjeuner. Nous avions prévu après cela de poursuivre jusqu'à la "Catarata de Huaruro" qui se trouvait selon les estimations des locaux à 1h30 de là (soit 3h aller-retour). Or, nous avions déjà vu que la différence entre leurs estimations de temps et notre réalité de marche était en notre défaveur, nous ne connaissions pas le dénivelé et surtout nous n'avions ni le courage ni la force de reprendre la route. Nous avons donc passé le reste de notre journée, seul en compagnie de notre hôte à discuter de tout et rien au milieu d'un paysage naturel époustouflant. La pluie arriva avec la nuit et Bobi trouva une bonne planque entre la toile d'habitation et la toile de pluie de notre tente, tenant chaud à Alrick toute la nuit.


3ème jour: Fure - Oasis Sangalle (env. 5h)

Ce matin, nous avions envie de prendre notre temps alors on ne s'est levé qu'à 7h pour reprendre la route à 8h. Ce n'était pas forcément une bonne idée car nous avions du marcher une bonne partie en plein soleil. Heureusement, le chemin n'avait que très peu de dénivelé. Il n'y a qu'à la fin, pour rejoindre l'Oasis Sangalle, que ça descendait à pic sur quelques kilomètres. On ressentait clairement que c'était notre troisième jour de marche. Tous les muscles de nos jambes nous faisaient souffrir, ça tirait de la cheville jusqu'aux hanches en passant par les mollets et les cuisses. Tel un mirage, nous trouvions dans cette oasis un lodge pour poser notre tente et qui disposait d'une piscine. Après un casse-croûte et un apéro nous ne tardions pas à filer à l'eau pour détendre nos pauvres jambes courbaturées. On y fit la rencontre de trois mecs (2 hollandais et 1 allemand) en vadrouille avec qui on poursuivit l'apéro jusqu'à minuit. Le patron aussi faisait pas mal la fête, c'est d'ailleurs certainement lui qui sirota le plus. Pendant que les mecs tournaient surtout à la bière locale, je me délectais de la boisson nationale, "le pisco sour", un cocktail à bas de pisco, jus de citron vert, sucre de canne liquide et surtout de blanc d’œuf cru.


4ème jour: Oasis Sangalle - Cabanaconde (env. 3,5h)

Réveil à 5h. Comme on s'en doutait, la nuit fût courte, ça pique un peu mais c'est pas grave, ça en valait la peine, cette soirée nous aura fait autant de bien au moral que la piscine en avait fait pour le corps. Mais cela n'a pas été le cas de tout le monde. Ce matin, personne à la réception. Le patron avait décidément plus fait la fête que nous la veille. Le problème c'est qu'on avait encore rien payé et qu'on comptait prendre un petit-déjeuner avant de repartir. Finalement après 1/2h d'attente on renonce à voir arriver quelqu'un, faisons une croix sur notre petit-dèj et estimons approximativement combien nous devions pour la nuit et les consommations avant de lui déposer l'argent avec un mot de remerciement et de repartir avec nos sac-à-dos. C'est donc avec la gueule de bois, l'estomac vide et juste ce qu'il faut d'eau que nous partons pour 3h30 de montée sévère, le tout après trois jours de rando dans les pattes. Nous avions choisi de nous lever aussi tôt pour ne pas avoir le soleil à supporter en plus de la montée et de se donner le luxe de marcher tranquillement. Sur le chemin, alors que nous faisions une pause pour manger l'unique madeleine survivante dans notre sac-à-dos, sans que nous l'ayons vu arriver, un condor andin passa juste au-dessus de nos têtes. Rendez-vous compte, c'est un animal d'environ 3 mètres d'envergure qui passa si prêt de nous que nous avions pu entendre ses ailes fendre l'air. Tout simplement magique! On est resté quelques secondes sans voix, les yeux écarquillés, à se demander si on avait pas rêvé. Nous avons ensuite terminé notre marche et sommes arrivés à notre point de départ un peu avant 10h. Autant vous dire qu'on mourrait de faim et qu'on ne s'est pas fait prier pour manger.


Voilà comment se termine notre trek de 4 jours dans le Canyon del Colca. Fatigué, courbaturé, affamé mais tellement heureux et ébahi de la nature et des gens que l'on rencontre sur notre chemin. C'est d'ailleurs ça un peu le résumé de notre voyage: de la sueur, la nature et des gens!